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Paris : oubliés de tous, ces « chibanis » menacés d’expulsion


Mise à jour 05/09/14 : la préfecture de police vient d’annoncer que nos chibanis ne seront pas expulsés, avec la trêve hivernale qui commence le 15 octobre et s’achèvera le 15 mars insha’Allah. Un délai plus que nécessaire afin de trouver une solution de relogement.
Les voyez-vous réellement ces « chibanis » que vous croisez parfois, au détour d’une rue ou d’un café ? Le terme « chibani » signifie en dialecte maghrébin « vieux », ou « cheveux blancs ». Il est plus exactement utilisé pour désigner les travailleurs immigrés arrivés en France au 20ème siècle (souvent durant les Trente Glorieuses) en provenance d’Afrique du nord (ou subsaharienne), désormais retraités et en statut de précarité car lésés par rapport aux retraités de nationalité française.
Souvent sans famille, tout lien avec le pays d’origine perdu, ces citoyens « de seconde zone » n’ont pas pu être naturalisés malgré les années passées en France, à enchaîner les travaux les plus ingrats. En 2013, une mission d’information sur les « immigrés âgés » avait été constituée par l’Assemblée nationale avec Denis Jacquat et Alexis Bachelay.
C’est le cas de ces chibanis au 73 du faubourg Saint-Antoine à Paris, qui vivent dans un hôtel meublé insalubre. Majoritairement de nationalité algérienne et marocaine, certains y vivent depuis dix ans, vingt ans et même quarante ans, au milieu des cafards et sans douche, ils sont sous le coup d’une menace d’expulsion depuis deux mois.
Décidés de lutter car ils n’ont pas d’autre alternative de logement et que leur revenu est trop faible, ils expliquent qu’ils ont toujours payé leur loyer « rubis sur l’ongle », malgré leurs conditions de vie. Youssef Ferkous, 71ans, en France depuis 1965 affirme : « les propriétaires se sont dit c’est des arabes, avec des arabes, laisse-les, ils vont se bouffer entre eux… Mais là on est un bloc. Il faut se défendre, qu’ils laissent les vieux tranquilles ». Titulaire d’un titre de séjour, il pensait profiter d’une retraite méritée après une vie de travail durant lesquelles il a cotisé.
A la préfecture, le dossier ferait « l’objet d’une étude très attentive ». La propriétaire de l’hôtel, la Compagnie des immeubles de la Seine, reste quant à elle injoignable.
Paradoxalement, le sol français est aussi la prison de ces chibanis puisqu’ils doivent y séjourner au minimum six mois pour bénéficier de leurs droits, pourtant légitimes après leurs années de travail. Depuis janvier 2014, un projet de loi visant à leur permettre de pouvoir résider dans leur pays d’origine sans perdre pour autant leur allocation vieillesse est sérieusement étudié (amendements à la loi DALO).
Crédit Photo : Achour Amarouche, Algérien, 69 ans. Arrivé en France en 1963, résidant à l’hôtel depuis 1980. (Photo Jean-Michel Sicot)

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