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Calais : rassemblement raciste et dérapages néo-nazis


Dimanche 7 septembre, ce sont entre 150 et 300 personnes qui se sont rassemblées à l’appel du collectif « Sauvons Calais », afin de dénoncer la présence des migrants dans la ville. Le mois dernier, nous évoquions la situation dramatiques de ces hommes, femmes et enfants qui affrontaient la précarité et le harcèlement dans la ville de Calais, ville portuaire de liaison avec l’Angleterre voisine.
La maire UMP Natacha Bouchart annonçait alors qu’elle proposait au gouvernement la création d’un centre pour migrants, qui permettrait de regrouper au même endroit la distribution de repas de vêtements et de soins, ainsi qu’un accès à des douches et à l’eau potable.

Indignation ou fascisme ?

Le collectif « Sauvons Calais » a principalement réuni des membres de l’extrême-droite, parfois venus de loin pour scander des slogans très violents. « Foutons-les dehors », pouvait-on lire sur une des pancartes, tandis qu’une autre associait la présence des migrants à « l’insécurité, l’insalubrité, le désastre économique ».
Le slogan « On est chez nous » était repris tout au long du rassemblement, tandis qu’Olivier Roulier, du Réseau Identitaire, affirmait devant la foule : « C’est bien ça qui rend ma colère joyeuse aujourd’hui, c’est que de Brest à Vladisvostok et de Calais à Lampedusa, c’est que le peuple se lève pour dire non à l’invasion de notre continent ». Pire, Thomas Joly du Parti de la France (fondé par Carl Lang, ancien du FN) affirmait ensuite que « l’avenir du monde blanc est remis en cause ».
Concernant l’éventualité d’un nouveau centre, il ajoutait « Oui, nous voulons un camp. Un camp d’enfermement et d’expulsion des étrangers vers leur pays d’origine ».
Le journaliste britannique Peter Allen, présent au moment des faits, a tweeté de nombreuses photos où l’on aperçoit clairement une partie des manifestants en plein salut nazi. Et pourtant, le leader du collectif Kevin Reche avait commencé son discours en indiquant n’être « ni raciste, ni nazi ». « Pour moi, la manifestation s’est bien passée dans l’ensemble, le peuple calaisien se mobilise. Je n’ai pas vu de racisme. Je n’ai rien vu de choquant », ajoutait-il.

Yann Capet, député socialiste et conseiller municipal d’opposition, regrette que la manifestation n’ait pas été interdite. « J’avais hélas raison en demandant l’interdiction de la manifestation de Sauvons Calais à qui on a laissé envahir la place de la mairie. Je regrette d’avoir été le seul élu à le faire et de l’étrange passivité de Madame le Maire. (…) Saluts hitlériens, T-shirts nazis, discours haineux, racistes, outranciers de leaders et militants de plusieurs factions d’extrême droite. Ce n’est pas Calais, cela ne représente pas les calaisiens et surtout pas ceux, qui légitimement, expriment leur lassitude au regard de la situation calaisienne par rapport aux réfugiés, sans haine, ni racisme », déclarait l’élu dans un communiqué. Yann Capet indique également avoir été menacé de mort par des militants d’extrême-droite et réfléchit à porter plainte.
Jacky Hénin, conseiller municipal d’opposition (PC), déplore que Natacha Bouchart n’ait « pas été capable de faire interdire un rassemblement de gens qui tiennent des propos ségrégationnistes. C’est accepter que le racisme ait pignon sur rue ».
Pour l’instant, Mme Bouchart n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Elle menaçait dernièrement de « bloquer le port de Calais » si Londres n’apportait pas son aide.

Calais : « On les tue ? On les noie ? », la terrible situation des migrants

Dans une interview pour La Voix du Nord, la maire UMP de Calais, Natacha Bouchart, annonce qu’elle compte proposer la création d’un nouveau centre pour migrants. Le centre en question pourrait accueillir 400 personnes, et nécessite l’aval du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Calais, la réalité qui dérange

Natacha Bouchart, dépitée, glisse alors qu’ « on ne peut pas fermer les frontières, de toute façon, on est dans l’Europe ! Qu’est-ce qu’on fait ? On les tue ? On les noie ? ». Elle expliquait également qu’elle ne pouvait faire « un pas dans Calais sans croiser un habitant qui se plaint de la présence des migrants ». « Face aux guerres et aux conflits internationaux, les flux continueront d’augmenter » ajoute-t-elle, résignée.

Mme Bouchart envisage même de faire alliance avec son homologue, le maire de Lampedusa en Italie : « j’aimerais aller sur place, rencontrer le maire et qu’on fasse pression sur l’Europe pour être aidés ».

Malgré tout, le gouvernement français reste très prudent. En effet, l’ouverture d’un centre pourrait créer un point de convergence des migrants, dont les élus se passeraient bien. La lutte contre l’immigration clandestine est d’ailleurs une problématique bien réelle y compris dans le gouvernement de François Hollande, puisque M. Cazeneuve a récemment affirmé que 155 réseaux avaient été démantelés de janvier à juillet, et 1378 personnes interpellées.

En octobre 2013, cette même élue avait demandé aux Calaisiens sur Facebook de « signaler » les squats de migrants : « Il ne faut pas hésiter à laisser un mail sur cette adresse : securitesquatcalais@gmail.com lorsque vous voyez des no borders (des militants qui viennent en aide aux migrants) ou des migrants s’implanter illégalement dans une maison ». Plus tard, elle avait affirmé avoir simplement voulu « un peu bousculer, ou provoquer un peu tout le monde, pour que les services du gouvernement puissent prendre en compte notre problématique ».

Harcèlement

En juillet dernier, le camp de Calais avait été démantelé par les forces de l’ordre sur ordre du tribunal administratif de Lille. Depuis la fin du mois de mai et l’évacuation par la police de trois camps abritant quelque 650 personnes, plusieurs centaines de migrants s’y étaient installés faute d’alternative.

« Ça a commencé vers 6 heures. J’étais à l’intérieur, les flics sont arrivés, ils ont bloqué toutes les sorties, ont utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher les gens de s’enfuir » a déclaré à l’AFP Céline, bénévole. Une quinzaine de cars stationnaient sur place pour emmener les migrants. Christian Salomé, président de l’Auberge des migrants, témoignait également : « Une vingtaine de femmes et une dizaine d’enfants dormaient sur le site ces derniers jours. Les migrants viennent de pays en guerre (Irak, Syrie, Afghanistan, Soudan). C’est très grave que tout se soit passé hors de vue. On a été repoussé à plusieurs centaines de mètres », expliquait-il.

La plupart seront placés en centre de détention administrative, attendant de pouvoir éventuellement bénéficier d’un statut de réfugiés. D’après Jean-François Corty, « c’est un aveu de faiblesse. Aucune solution d’accueil n’est mise en place. On laisse les conditions se dégrader dans les camps pour pouvoir les fermer au motif de la situation sanitaire. Dans quelques jours, les mêmes migrants seront de retour et il faudra encore une fois, tout recommencer à zéro ».

Le 02 août dernier, vers 3h du matin, sept individus ivres étaient entrés dans le campement des migrants du quartier de Cleunay, à Rennes. Ils avaient proféré des insultes racistes en vandalisant les parties communes et les réserves de nourriture, à l’aide de bâtons. Ils ont également menacé les habitants, dont un qui témoigne s’être entendu dire : « Crevez comme des porcs, vous qui vivez comme des chiens ». Une plainte a été déposée contre X  pour menace en raison de la « race », la préfecture de Rennes affirmait quant à elle qu’il ne s’agit que d’un « incident de voisinage ».

Pour rappel, l’association Esprit Solidaire vient régulièrement en aide aux migrants de Calais. Repas chauds, matériel et même une mosquée sous forme de chapiteau, vous pouvez les soutenir sur leur page Facebook.