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Autriche : des musulmans s’indignent d’une nouvelle loi pour encadrer l’islam


Jeudi 2 octobre dernier, le Ministre des Affaires Etrangères autrichien a annoncé un projet de loi visant à interdire le financement de projets musulmans par des organisations étrangères. Cette loi concerne tous les types de financement : écoles, mosquées, rémunération des imams. D’autres mesures sont envisagées par le Ministre comme la standardisation du Coran. Ces nouvelles ont indigné la communauté musulmane autrichienne qui dénonce une violation de la Constitution.

Encadrer l’islam, une seule et unique traduction du Coran

Mettre fin au financement provenant de l’étranger. C’est l’une des directives principales avancée par le Ministre. Si la loi est adoptée, elle entrera en vigueur le 1er janvier 2015, et la loi sur l’islam de 1912 en Autriche sera donc revu. A partir de là, plus aucune mosquée ou association ne pourra recevoir de l’argent provenant de l’extérieur de l’Autriche. Le projet annonce aussi que plus aucun imam ou responsable religieux étranger ne pourra venir exercer dans le pays. Les imams seront formés dans des universités autrichiennes. A l’heure actuelle, près de 300 imams exercent en Autriche, parmi lesquels 65 proviennent de Turquie.
Le ministre des Affaires Etrangères, qui est aussi le responsable de la politique d’intégration avait expliqué que l’objectif de l’encadrement de l’islam était d’éviter les dangers de l’extrémisme. « Le message clair doit être qu’il n’y a pas de contradiction entre un fidèle musulmane et un autrichien fier » avait-il affirmé. 
Quelques jours plus tôt, le Ministre avait déjà émis une autre proposition concernant la pratique de l’islam en Autriche. Il avait annoncé qu’une seule et unique traduction officielle en langue allemande du Coran sera émise. Autrement dit, le Ministre souhaite une version standardisée, et uniformisée du Coran. Selon lui, cette mesure vise à éviter les « mauvaises interprétations ». 

La communauté musulmane dénonce une violation constitutionnelle et un climat de suspicion

Naturellement, ces mesures ont indigné les musulmans. Des associations ont dénoncé la suspicion et la défiance envers la communauté musulmane. Proposer des mesures pour encadrer l’islam, ne font qu’entretenir un climat de défiance déjà existant envers les musulmans.
Ils déplorent aussi le non respect de la liberté religieuse, une liberté garantie par la Constitution. Enfin, beaucoup ont reproché le manque d’équité et d’égalité avec les autres communautés religieuses, notamment en ce qui concerne le financement étranger. D’ailleurs, un universitaire, Metin Akyurek, du Département de droit de l’Université de Salzburg, conscient des inégalités, avait proposé d’étendre les lois dont jouissent déjà les autres communautés religieuses (juive, protestante, catholique) du pays à la communauté musulmane pour plus d’égalité.
De même, l’idée d’une version standardisée du Coran est très controversée. Le Coran est en langue arabe et il ne peut y avoir une seule et unique traduction.
En Autriche, il y aurait environ plus de 500 000 musulmans, ce qui représente 6% de la population totale, mais aussi la deuxième communauté religieuse après les chrétiens. La présence de l’islam en Autriche est très ancienne, et remonte à l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’empire austro-hongrois en 1908. C’est aussi le premier pays à reconnaître la liberté religieuse des musulmans avec une loi 1912 qui réglemente le culte. Une loi qui risque désormais d’être révisée pour imposer des mesures plus liberticides.

Autriche : une loi pour encadrer l’islam et éditer un Coran officiel

Le ministre des Affaires étrangères autrichien, Sebastian Kurz, a présenté jeudi 2 octobre un projet de loi qui prévoit l’interdiction du financement étranger des imams et des mosquées. Quelques jours plus tôt, il a souhaité introduire une version standardisée et officielle du Coran en langue allemande, dans le but de « lutter contre l’extrémisme ».
Présentée avec la bénédiction des représentants de l’islam officiel, la nouvelle loi, si elle est adoptée, entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Les associations et les mosquées d’Autriche ne pourront plus recevoir de fonds étrangers. Idem pour les imams, qui ne devront plus être rémunérés par l’étranger (65 sur 300 sont actuellement payés par la Turquie). Les responsables religieux habilités à enseigner le feront désormais exclusivement en allemand. La propagande en faveur de l’Etat islamique sera en outre sanctionnée, alors que 140 résidents autrichiens seraient partis combattre en Syrie.
Un véritable toilettage de la loi de 1912, qui encadrait l’islam depuis lors. Alors que l’image des musulmans est très dégradée dans l’opinion publique, notamment après les campagnes xénophobes de l’extrême droite. « Le message doit être clair qu’on peut être à la fois un musulman pratiquant et un fier Autrichien », a affirmé Sebastian Kurz lors de la présentation du projet de loi. « En l’absence d’une réglementation ordonnée, il y a toujours un danger d’irruption de l’extrémisme. En ce sens, cela fait partie des mesures préventives. »
Une autre mesure souhaitée par Sebastian Kurz a été accueillie de façon pour le moins mitigée par la communauté musulmane. Fin septembre, le ministre des Affaires étrangères a annoncé qu’il voulait créer une traduction officielle et uniforme du Coran en langue allemande. Objectif : éviter les « mauvaises interprétations », notamment celles susceptibles de « promouvoir l’extrémisme ».
Cette mesure, selon Carla Amina Baghajati, porte-parole de la Communauté des musulmans d’Autriche (IGGIÖ), reflète « l’esprit de défiance et de suspicion généralisée qui règne envers les musulmans, en Autriche, et ailleurs en Europe. Si une version du Coran en allemand se présente comme codifiée, et comme une ultime version, alors ce sera en contradiction avec la conception même de l’islam ».
Pour Omar al-Rawi, anciennement chargé des questions d’intégration au sein de l’IGGIÖ, « c’est une idée absurde », toutes les traductions du Coran n’ayant pas les mêmes visées. « Il y a des traductions qui ont une valeur philosophique ou scientifique. Certaines cherchent à rendre le texte fluide en l’interprétant, d’autres se concentrent sur la transmission du contenu. » La mesure, selon lui, ne vise qu’à satisfaire l’opinion publique. « Que cherche-t-on à accomplir? A part quelques gains politiques à courte vue ? » s’interroge-t-il.