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Turquie : Le président Erdogan déclare que les marins musulmans ont découvert l’Amérique en 1178


Surprenant, cette affirmation du nouveau Président Turc, prononcée à Istanbul le 18 novembre dernier lors d’une conférence réunissant les chefs religieux d’Amérique Latine, continue de se propager dans la sphère médiatique.
Ainsi d’après le chef d’Etat turque, le nouveau monde aurait été découvert non pas par le célèbre navigateur génois Christophe Colomb comme tous les livres d’histoire nous le racontent mais par des navigateurs musulmans originaires d’Al Andalus, plus de deux siècles avant
Le célèbre géographe et cartographe al-Sharif al-Idrissî [1099 – 1166] décrit l’une des expéditions qui ont été lancées depuis les cotes ibériques et nord africaines alors territoire musulman, dans son livre “Nuzhat al-Mushtaq fi Ikhtiraq al-Afaq:
”Un groupe d’individus [d’Afrique du Nord] embarqua pour “l’océan d’obscurité et de brume” [l’océan Atlantique] depuis Lisbonne [Portugal], dans le but de savoir ce qui s’y trouvait et d’en connaître les limites. Ils atteignirent finalement une île qui avait une population et une agriculture…Le quatrième jour, un interprète leur parla en langue Arabe.
Il appartient aux historiens d’approfondir le débat et de s’en tenir aux faits historiques, à savoir les traces qui nous permettent de construire le passé. Pour le reste si par son allocution, le président Turc signifiait que nous devions, nous musulmans, reprendre possession de notre histoire, alors oui laissons nos historiens se pencher sur ces questions et apporter un éclairage singulier à travers les écrits et vestiges légués par nos prédécesseurs.
L’histoire n’est ni une science pure, ni un genre littéraire mais avant tout une construction humaine. Écrites par les vainqueurs, les versions officielles ont des visées politiques. Cette déclaration du chef de l”état Turc a le mérite de nous pousser à la réflexion. Aussi ne tombons pas dans la facilité, mais au contraire exigeons de la communauté musulmane l’analyse des faits le plus objectivement possible.
Rappelons l’existence d’une littérature abondante peu connu notamment sur les croisades donnant un tout autre point de vue, en particulier celui des historiens musulmans comme l’excellent « Les Grands conquêtes arabes: Comment la propagation de l’Islam a changé le monde dans lequel nous vivons » de Hugh Kennedy, célèbre professeur d’arabe au sein de la Faculté des langues et des cultures de l’école des études orientales et africaines de Londres.
Ou encore « Les croisades vu par les arabes » d’Amin Maalouf qui s’inspire des historiens et des chroniqueurs arabes de l’époque en particulier Ibn al-Qalanisi, Oussama Ibn Mounqidh, Ibn Jubair et Ibn al-Athîr pour ecrire une version romance des croisades.
Pour conclure sur le sujet, nous pouvons ainsi citer ces quelques mots de l’historien Jacques le Goff qui rappelle que : « l’histoire est un arrangement, nécessairement subjective, toujours incomplète, jamais définitive, elle se doit du moins d’être honnête.»