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Le Sénat adopte un rapport pour lutter contre les discriminations religieuses


C’est un rapport qui a fait polémique qu’ont présenté la sénatrice écologiste Esther Benbassa et son collègue UMP Jean-René Lecerf au Sénat. En effet, ce document propose que les recensements prennent en compte le pays d’origine de chacun mais également que l’enseignement du fait religieux soit renforcé.

De l’autorisation de statistiques ethniques au développement des « carrés musulmans »

L’objectif de cette proposition est de lutter contre les discriminations bien qu’aux premiers abords, cela suggère l’inverse. Le rapport proposé au Sénat devait autorisé entre autres les statistiques ethniques, chose qui est prohibée de crainte de tomber dans la ségrégation culturelle et ethnique. Ces deux sénateurs proposent donc que soit posée « tous les cinq ans, une question sur le pays de naissance des ascendants et la nationalité antérieure ».

 «Vous avez beau parler de discriminations, si vous n’en connaissez pas l’ampleur…», avance Esther Benbassa.

Selon les deux sénateurs, établir des statistiques ethniques n’aurait pas pour finalité de discriminer mais au contraire de mieux intégrer les personnes qui ne sont pas d’origine française. C’est ainsi qu’Esther Benbassa explique l’intérêt de ce recensement : « Cela permettrait, par exemple, à ces employeurs qui ont embauché 99 % de Blancs, de se rendre compte qu’il y a 15 % de Maghrébins dans leur bassin d’emploi ». Ainsi, ces données permettraient aux français de prendre conscience de la discrimination subie par les personnes d’origine étrangère dans un premier temps, et d’y remédier dans un second temps. Rétablir une équité en diminuant voire en éradiquant la discrimination ethnique : voici l’objectif final de cette proposition.
Au delà de l’établissement de statistiques ethniques, les deux sénateurs ont proposé la multiplication des carrés musulmans dans les cimetières français. Jean-René Lecerf a ainsi affirmé : « 80 % de nos compatriotes musulmans font en sorte que leur dépouille mortelle soit renvoyée dans leur pays d’origine, pour qu’ils soient enterrés selon les rites de leur religion. Chez moi, dans le Nord, les maires qui ont accepté un carré musulman sont assaillis de demandes: ça prouve qu’il n’y en a pas assez !« . Une demande plus que nécessaire selon ces deux sénateurs qui exigent davantage de carrés musulmans. Cette demande n’a pas laissé indifférents puisqu’elle a été controversée par des membres du Sénat. En effet, cette idée a engendré « les critiques les plus virulentes ».

Renforcer l’enseignement du fait religieux

Ce texte a créé une autre polémique, cette fois concernant l’enseignement du fait religieux. Cette question est connue pour être le point faible du domaine éducatif français. En effet, la France est l’un des rares pays à mettre la religion en dehors de la sphère scolaire si bien que bon nombres d’élèves ignorent tout des différentes religions. Cela entraîne donc ce que les sociologues de l’éducation appellent « l’analphabétisme religieux ». Le terme parle de lui-même : ces jeunes n’ont aucune connaissance du fait religieux et se retrouvent donc dans une sorte de « handicap culturel ».
C’est à ce problème scolaire que les deux sénateurs ont voulu répondre. Ils proposent donc un renforcement de l’enseignement du fait religieux à l’école ce qui reviendrait à s’intéresser aux différentes religions, en transmettant uniquement les bases de la croyance de chacune afin que chaque enfant dispose d’un minimum de culture religieuse. Or, cette proposition a fait débat au sein des sénateurs, considérant que cet enseignement n’est pas nécessaire.
C’est en ce sens qu’Esther Benbassa souligne : « les débats les plus rudes ont eu lieu sur la proposition de renforcer l’enseignement du fait religieux à l’école. On ne voulait pas un enseignement sur la spiritualité, mais, simplement, que dès le primaire, on apprenne ce qu’est le judaïsme, le nom des saints, ce qu’ont dit les prophètes, etc. Sinon des jeunes peuvent faire leurs propres recherches sur Internet. Moi qui fais partie d’une commission d’enquête sur le djihadisme, je préférerais que l’on traite le problème en amont… ». L’ignorance religieuse des élèves est bien plus importante puisque cela crée des individus ignorants tout de la croyance d’autrui, cette ignorance laissant place à la haine, aux préjugés et au mauvais soupçon. Connaître l’autre pour mieux le respecter : cela semble être un objectif plutôt intéressant à viser.
Le texte proposé par les deux sénateurs a été adopté par la commission des lois du Sénat bien que la proposition de l’autorisation des statistiques ethniques n’ait pas été retenue. Les trois mesures qui ont fait le plus polémique dans ce rapport sont relatives à l’origine ethnique et à la religion. Comme quoi, la France a un réel complexe avec les personnes d’origine et de religion différentes !